COMPORTEMENT

Comment réagir à un enfant qui souffre de misophonie ?

Sommaire

  1. La misophonie, qu’est-ce que c’est ?
  2. Quels sont les symptômes de la misophonie ?
  3. Comment soigner la misophonie ?
  4. Comment calmer un enfant misophone ?

 

La misophonie se caractérise par une forte irritation, un agacement, de la colère, du dégoût ou de l'aversion envers certains sons liés à la mastication, au claquement des lèvres, à la respiration, à la parole ou à la musique. La misophonie chez les enfants peut être interprétée à tort comme un caprice ou une crise de colère. Bien que la misophonie puisse être difficile à gérer, il est très important que les parents se souviennent que si leur enfant montre des signes de misophonie, il est possible de canaliser ses émotions. En travaillant autour de la misophonie, les enfants peuvent apprendre à y faire face et à s'adapter au monde qui les entoure.

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1 - La misophonie, qu’est-ce que c’est ?

 

Définition de la misophonie

La misophonie est un trouble à cause duquel les individus qui en souffrent éprouvent une colère et un dégoût intense lorsqu'ils sont confrontés à des sons émis par d'autres êtres humains. En particulier, des sons tels que la mastication, le claquement des lèvres ou la respiration. Ils provoquent une colère intense et incontrôlable.

La misophonie fait référence à la "haine des sons", ce qui suggère qu'il existe un aspect psychologique de ce trouble et qu'il est aussi important que l'audition physique du son. Les sons qui déclenchent les réponses physiques telles que la colère et le dégoût sont des sons courants, normaux pour beaucoup, et l'intensité ne détermine pas si le son est gênant ou non.

Les réactions aux sons

Ces réactions physiques sont couplées à de fortes réactions émotionnelles et à des sentiments négatifs spécifiques à la misophonie, tels qu'une irritation ou un dégoût intense, un malaise, une colère, une rage, une panique et une anxiété, une perte de contrôle de soi, une agressivité, de l’impulsivité et potentiellement, de la violence.

Presque toutes les personnes qui déclarent souffrir de misophonie expliquent que les principaux sons déclencheurs tendent à être des sons liés à la bouche, à l'alimentation et à la déglutition (mastication, claquement de lèvres, bâillement, respiration, etc.) Il a également été fait état de sons vocaux gênants (raclement de gorge, prononciation de certains mots), de sons répétitifs (cliquetis du stylo, du clavier, tapotement des doigts), de sons domestiques (cliquetis des assiettes, bruit des couverts), de sons d'animaux (aboiement, léchage, claquement des griffes sur le sol...). On a aussi signalé des déclencheurs visuels tels que des mouvements répétitifs des jambes.

Un autre aspect de la misophonie est que la personne qui en est atteinte n'est pas gênée par ses propres sons, même si elle en produit régulièrement. 80 % des patients atteints de misophonie ont noté que le premier son gênant provenait d'un membre de la famille proche. Il ressort clairement des entretiens et des études antérieures que les personnes atteintes de misophonie ne sont embêtées que par une poignée de personnes très spécifiques et dans des contextes particuliers, principalement familiers (famille, amis, milieux professionnels et éducatifs). Le trouble peut donc rendre la vie des autres très difficile.

 

2 - Quels sont les symptômes de la misophonie ?

 

La misophonie n’est pas seulement caractérisée par une haine des sons. Ce symptôme est accompagné de nombreux autres, pouvant être plus difficiles à comprendre.

Le manque de contrôle

La plupart des personnes qui souffrent de misophonie décrivent en détail leur manque de contrôle sur le trouble, les réactions émotionnelles et les déclencheurs associés à la misophonie. Ils ont le sentiment que leurs réactions sont dues à un trouble neurologique sur lequel ils n'ont que peu, voire aucun contrôle.

Ceux qui souffrent de misophonie se sentent désemparés face à des personnes qui ne comprennent pas leur état et qui semblent ne pas en tenir compte. Certains parlent de l’agonie qu’ils vivent au quotidien alors que certaines personnes semblent produire les sons déclencheurs délibérément. Il semble y avoir une lutte de pouvoir entre la personne atteinte du trouble et l'auteur des sons, qui utilise la misophonie comme une arme pour prendre le contrôle.

Pour la personne atteinte de misophonie, la reprise du contrôle ne semble possible que si l'auteur du son prend conscience de ses actes et reconnaît ses torts.

L’incapacité à absorber le stress

Les personnes souffrant de misophonie n’ont en général aucun contrôle dans les situations stressantes. Seule la possibilité d'échapper à une situation peut apporter un certain soulagement. Il s'agit d'une vraie lutte intérieure. Pour éviter d’être soumis au bruit, la personne va préférer fuir la situation ou s’isoler.

Des attentes irréalistes

Les personnes produisant des bruits "grossiers" (tout en reconnaissant qu'il s'agit de bruits "normaux") sont parmi les plus grands déclencheurs possibles. Les personnes atteintes de misophonie ressentent de fortes émotions envers les personnes qui produisent le bruit : un mélange de culpabilité, de colère, de rage et de frustration. Ils vont penser à des choses comme "comment as-tu pu ? C'est ignoble ! Je te déteste !". Derrière ces pensées, il y a une certaine attente des autres, plutôt irréalistes : la personne souffrant de misophonie voudrait que les autres soient parfaits, et ne produisent aucun son. Sauf que quand ils se rendent compte qu’ils le font quand même, la colère et la frustration prennent le dessus. 

Des dysfonctionnements

La façon dont la vie des personnes atteintes de misophonie est affectée par la condition est frappante et constitue un exemple clair d'un mode de vie dysfonctionnel. Les principaux effets de la misophonie sont évidents dans les situations privées et intimes. La plupart des gens détestent tout simplement prendre un repas avec leur conjoint, leurs amis, leurs collègues et même leurs enfants. Ils éprouvent aussi de la souffrance à cause de l’impact de la condition sur leur famille.  

De nombreuses personnes qui souffrent de misophonie expliquant que le trouble a également un impact important sur leur vie académique ou professionnelle, en particulier les personnes qui travaillaient avec le public (coiffeurs, barbiers, enseignants mais aussi les élèves) car ils ont le sentiment d'être bloqués dans une situation désagréable. La misophonie remet par ailleurs en question les sorties et la vie au sein de la communauté. La plupart sont constamment sur le qui-vive parce qu'ils appréhendent constamment les sons, favorisant une peur de s’aventurer dehors par exemple.

 

3 - Comment soigner la misophonie ?

 

Les mécanismes de défense contre la misophonie

En général, les personnes qui souffrent de misophonie développent des mécanismes d'adaptation pour faire face aux sons qui les gênent et améliorer leur résilience. La majorité d'entre eux adoptent un comportement de fuite, afin d’éviter complètement les situations : s'éloigner de la personne, mettre des écouteurs, lui dire d'arrêter, dormir avec des bouchons d'oreille, ne pas rendre visite à ma famille trop souvent, manger seul. 

Certaines personnes, surtout les enfants, ont recours à des pratiques inquiétantes dans le but de retrouver un certain contrôle et d'améliorer leur résilience : se pincer ou se tirer les cheveux. Imaginer faire du mal à la personne qui fait du bruit, se gratter violemment les bras et les jambes pour détourner leur attention, ce qui peut laisser des traces sur le corps.

Traitements pour la misophonie

Il n’existe pas de traitement définitif pour soigner la misophonie. Certaines personnes suivent une thérapie et certains prennent des médicaments contre l'anxiété, mais avec des résultats mitigés. La plupart essaient de se distraire pour éviter que la colère monte. 

Parmi les autres stratégies d'adaptation, citons la méditation, le dialogue avec soi-même, les techniques de relaxation, les exercices de respiration, le dessin, la musique ou le fait de passer du temps avec des animaux domestiques, qui permettent de contrôler le niveau de stress des personnes atteintes du trouble.

Dans l'ensemble, les stratégies d'adaptation sont considérées comme un moyen d'accroître la résilience. Cependant, les comportements d'évitement sont omniprésents chez les participants, ce qui traduit un manque de solutions concrètes. 

 

4 - Comment calmer un enfant misophone ?

 

Ecouter votre enfant

La première étape pour aider votre enfant atteint de misophonie est de comprendre que ce n'est pas sa faute et que ce n'est pas "tout dans sa tête" ! Les enfants s'en remettent à leurs parents pour répondre à leurs besoins. Ils pensent que leurs parents peuvent les aider et les protéger pour presque tout. Mais avec la misophonie, cela peut changer. C'est un phénomène que les parents ne connaissent pas toujours bien. La situation peut s'aggraver si les bruits déclencheurs sont en fait produits par les parents ou si l'enfant atteint de misophonie est réprimandé pour s'être mal comporté.

Dans de telles situations, bien que l'enfant se sente très angoissé, irrité ou même pris au piège, il ne pourra pas obtenir le soutien dont il a besoin de la part de ses parents, ou du moins c'est ce qu'il peut ressentir. En tant que parents, il est donc important de parler à votre enfant et de le rassurer en lui disant que vous comprenez son problème, qu'il existe des solutions et que vous pouvez l'emmener chez un médecin qui l'aidera. Il se sentira ainsi soutenu et en sécurité, car il comprendra que vous ferez tout votre possible pour l'aider. 

Comprendre la misophonie

Des ressources sur internet peuvent vous aider à en savoir plus sur la misophonie de votre enfant et sur ce que cela signifie d'être le parent d'un enfant atteint d'un trouble sensoriel. La misophonie étant un trouble peu connu, il est important de trouver des informations précises venues de recherches faites par des professionnels. 

Aider votre enfant à comprendre ses émotions

L'expérience d'une forte réaction émotionnelle aux sons est liée aux pensées négatives et irrationnelles qui traversent l'esprit de l'enfant atteint de misophonie. En entendant un son qui le gêne, votre enfant va peut-être penser : "Je n'aurai aucun plaisir à manger ma nourriture", "C'est injuste", "Il n'y a pas d'échappatoire et je suis piégé", "Je vais crier et hurler sur les autres ou dire des choses qui les agacent", "Mes parents vont être furieux contre moi", "Je vais me faire gronder", "Ils ne devraient pas faire ces bruits", "Les bruits qu'ils font sont dégoûtants", "Ils sont tellement ignorants".

Encouragez votre enfant à changer sa façon de penser aux bruits qui les gênent, ce qui réduira leur réaction à la misophonie. Il est important de les féliciter chaque fois qu'ils parviennent à identifier et à modifier leurs pensées et à ne pas réagir négativement à table ou dans tout autre contexte. Le renforcement positif est essentiel dans la gestion de la misophonie.

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Encourager vos enfants à faire face aux sons

Les enfants atteints de misophonie présentent souvent des comportements d'évitement, comme manger seul plutôt qu'en famille, éviter de se rendre dans certains endroits ou d'être en présence de certaines personnes, augmenter le volume de télévision pour masquer les bruits de repas, etc. Lorsque l'évitement n'est pas possible ou n'est pas réalisable, les personnes concernées peuvent avoir recours à des rituels afin d'atténuer leur stress.

Les rituels sont des actes que la personne effectue en réponse à l'anxiété. Par exemple, dans le cas de la misophonie infantile, les rituels consistent souvent à mimer, à manger aussi vite que possible sans regarder personne d'autre, ou à éviter les contacts visuels avec les autres, etc. Bien que votre enfant puisse croire que c'est la seule façon de faire face aux bruits, les rituels ne sont pas utiles à long terme, car ils ne s'attaquent pas à la source du problème. En tant que parent, vous pouvez aider votre enfant à explorer les moyens de les minimiser.

Adapter votre environnement à son cas

Votre enfant se calmera beaucoup plus rapidement s'il a un endroit où il peut aller pour récupérer. Il est donc très important de lui donner un endroit pour se calmer. Des outils sensoriels tels que des couvertures lestées, certaines couleurs de peinture aux murs, des animaux en peluche, une boîte à colère, une insonorisation poussée et une machine à bruits blancs peuvent aider votre enfant à se sentir calme dans cet endroit et à faire moins de crises.

Encourager votre enfant à se soigner

Le médecin de votre enfant n'a peut-être jamais entendu parler de la misophonie, mais cela ne signifie pas que vous ne devez pas lui en parler. Une équipe d'audiologistes, de psychologues, d'ergothérapeutes et d'autres professionnels pourraient travailler ensemble pour aider votre enfant à faire face à la misophonie.

 

Bien qu’elle soit difficile à comprendre, la misophonie est un trouble bien réel qui peut rendre le quotidien des enfants qui en souffrent et des familles infernal. S’éduquer sur le sujet et soutenir votre enfant sont les premières choses à faire pour s’en sortir.

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