TECHNIQUES D'ENSEIGNEMENT

Les 6 biais cognitifs à éviter en tant que professeur

Sommaire

  1. Qu’est-ce qu’un biais cognitif ?
  2. Quels sont les 6 biais cognitifs à éviter en tant que prof ?


Les biais cognitifs sont des processus de pensée qui peuvent impacter notre perception des choses et nous empêcher de prendre des décisions logiques ou de nous remettre en question. Ces préjugés ne sont pas toujours intentionnels. La plupart du temps, les gens ne sont pas conscients de leur propre comportement. En tant que professeur, il faut se demander à quel point ces biais cognitifs peuvent affecter nos leçons et nos relations avec nos élèves. Bien qu’il existe de nombreux biais, concentrons-nous sur les 6 biais cognitifs à éviter en tant que prof.

Professeur dans une classe

1 - Qu’est-ce qu’un biais cognitif ?

 

Le biais cognitif est une limitation de la pensée objective qui est causée par la tendance du cerveau humain à percevoir les informations à travers un filtre d'expériences et de préférences personnelles. Ce processus de filtrage est un mécanisme d'adaptation qui permet au cerveau de hiérarchiser et de traiter la grande quantité d'informations qu'il reçoit chaque seconde. Bien que ce mécanisme soit très efficace, ses limites peuvent entraîner des erreurs qui peuvent être exploitées.  

Les biais, ou préjugés cognitifs, appartiennent complètement à notre façon de penser, et beaucoup d'entre eux sont inconscients. Identifier les préjugés dont vous faites l'expérience et que vous revendiquez dans vos interactions quotidiennes est la première étape pour comprendre le fonctionnement de nos processus mentaux, ce qui peut nous aider à prendre des décisions meilleures et plus éclairées.

Il existe plusieurs catégories de biais cognitifs, dont les biais sociaux, comportementaux, les biais de prise de décision ou de croyance, ou même les biais amnésiques. Voici quelques exemples des principaux biais cognitifs dont nous faisons tous l’expérience au quotidien :

La vérité illusoire : c’est le fait de croire à un fait après avoir été exposé à une affirmation de manière répétée. Comme vous pouvez vous l’imaginer, c’est un biais cognitif important dans le monde de la publicité et de la vente.

Le biais d'ancrage : c’est la tendance que nous avons à croire à la première information reçue sur quelque chose, au détriment des informations qui suivent. On parle aussi d’étiquette que l’on peut attribuer aux autres. Imaginez que vous rencontriez une personne pour la première fois, mais que vous avez entendu dire que c’est quelqu’un à qui il ne faut pas faire confiance. Il sera difficile de changer votre façon de voir cette personne à l’avenir, même si l’information se révèle être fausse. 

Le biais de confirmation : ce biais est très naturel et commun à tous. Il consiste à croire, à chercher et à préférer les informations qui sont en accord avec nos croyances personnelles. Imaginez que vous pensez avoir une grippe, et que vous décidez de rechercher vos symptômes sur internet (ce n’est jamais une bonne idée… !). Vous allez sûrement faire défiler les sites les uns après les autres en ignorant tout ce que vous voyez, jusqu'à ce que vous trouviez un site qui explique que vos symptômes sont ceux d’une grippe, ce qui va approuver votre théorie. 

 

2 - Quels sont les 6 biais cognitifs à éviter en tant que prof ?

 

En tant que prof, il est normal d’être enclin à de nombreux biais cognitifs dans notre quotidien. Cependant, il est important d’en avoir conscience pour pouvoir les combattre et par conséquent, devenir un prof plus juste, mieux organisé et plus performant. Voici une liste des principaux biais cognitifs qui sont à éviter en tant que prof : 

#1 L’erreur fondamentale d'attribution

L'erreur fondamentale d’attribution est la tendance qu'ont les gens à accorder trop d'importance aux caractéristiques personnelles et à ignorer les facteurs situationnels lorsqu'ils jugent le comportement des autres. En raison de l'erreur d'attribution fondamentale, nous avons tendance à croire que les autres font de mauvaises choses parce qu'ils sont mauvais. Nous sommes enclins à ignorer les facteurs situationnels qui pourraient avoir joué un rôle.

Par exemple, si quelqu'un nous coupe la route en voiture, on pense tout de suite que cette personne est imprudente, mais on ne pense pas au fait qu’elle est peut-être en train de conduire quelqu’un à l’hôpital. À l'inverse, lorsque l’on coupe la route à quelqu'un, on a tendance à se convaincre que c’était absolument nécessaire et que nous ne sommes pas en tort.

En tant que professeur, l’erreur fondamentale d’attribution peut nous empêcher de critiquer notre propre performance. Imaginez une situation où vous observez un collègue et les élèves se comportent mal : vous êtes capable de voir chaque ‘défaut’ de la leçon. Dans le cas inverse, lorsque vos élèves se comportent mal, vous voyez les défauts des élèves, et non les vôtres. Ce phénomène vous empêche donc de vous remettre en question. 

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#2 La dissonance cognitive

Voici encore un biais cognitif du professeur, qui nous empêche parfois d’avancer et de critiquer notre propre performance. La dissonance cognitive est un conflit mental qui se produit lorsque des croyances ou des hypothèses sont contredites par de nouvelles informations. Le malaise ou la tension que le conflit suscite chez les gens est soulagé par l'une des nombreuses manœuvres défensives suivantes : ils rejettent, expliquent ou évitent la nouvelle information ; ils se persuadent qu'aucun conflit n'existe réellement.

En tant que professeur, une dissonance cognitive peut être déclenchée par les cas de figure suivants : imaginez qu’une nouvelle technique d’enseignement révolutionnaire voit le jour. Cette technique est à l’opposé de ce que vous avez l’habitude de faire depuis toujours. La dissonance cognitive va vous convaincre que cette technique est nulle et qu’elle ne marchera jamais avec vos élèves. Enfin, imaginez avoir planifié une leçon que vous jugez parfaite. Un collègue l’observe et vous fait de nombreux retours négatifs. Vous aurez peut-être tendance à penser que cette personne à tort, qu’elle n’y connait rien. Tout cela est dû à une dissonance cognitive qui vous empêche, encore une fois, de vous remettre en question.

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#3 Le biais de la négativité

C’est la tendance du cerveau à accorder inconsciemment plus d'importance aux événements négatifs qu'aux événements positifs. Personnellement, ce biais cognitif du professeur m’a beaucoup affecté lors de mes études pour devenir enseignante, et m’affecte encore à ce jour. 

Imaginez rencontrer une nouvelle classe pour la première fois. Vous avez préparé une leçon top et tout est en place pour que le cours se passe à merveille. Malheureusement, les enfants sont extrêmement dissipés et leur comportement laisse fort à désirer. C’est un désastre, vous avez passé votre temps à crier et à punir. Un vrai mauvais départ.

À cause de cette situation négative dès le départ, il est peu probable que vous n’arriviez à vous sentir à l’aise avec cette classe à l’avenir. Même s’il vous arrive de passer de bons moments avec ces élèves, le souvenir de cette première expérience ratée sera plus fort que n’importe quelle leçon réussie. 

#4 Le biais d'excès de confiance

Vous donnez une leçon à votre classe et vous remarquez les super progrès réalisés par les élèves à la fin, et vous vous dites donc que vous êtes un excellent professeur. Mais êtes-vous vraiment si génial, ou est-ce que l'excès de confiance vous a fait croire que vos actions avaient un effet beaucoup plus important qu'en réalité ? 

Certes, peut-être que votre leçon était excellente et que vos élèves ont tout compris du premier coup, ou peut-être que les étudiants connaissaient déjà la majeure partie du contenu avant le cours. Peut-être l’avaient-ils déjà étudié l’année précédente. Ou peut-être que le contenu était bien plus facile que vous ne le pensiez. En tous les cas, le biais d'excès de confiance peut nous faire surestimer l’impact et le contrôle que nous avons sur nos classes et peut ainsi nous empêcher de prévoir les problèmes.

#5 Les stéréotypes de genre

Les hommes ont historiquement dominé de nombreux domaines, ce qui se reflète dans ce qui est enseigné au programme.  Même lorsque les écoles font des efforts pour inclure des femmes notables dans leurs cours, dans l'ensemble - dans toutes les matières et dans tous les groupes d'âge - les hommes dominent toujours.

Aussi, le langage employé peut être un outil très puissant pour contester ou renforcer les stéréotypes de genre

Le langage que les élèves entendent à l'école, que ce soit de la part des enseignants, des autres membres du personnel, des visiteurs ou de leurs propres camarades, peut involontairement renforcer les stéréotypes de genre. Attention aux phrases comme "il faut un garçon fort pour ouvrir ça" ou "assurez-vous de demander aux mamans de signer le formulaire", ou encore "vous courrez comme des filles". Même sans intention sexiste, le langage peut perpétuer des idées néfastes sur ce que signifie être "normal" en tant que fille ou garçon, et peut renforcer l'idée que l’un des sexes est supérieur à l’autre.

#6 Le syndrome de l’imposteur

Le syndrome de l'imposteur peut toucher les professionnels de tous les secteurs. Les personnes qui en souffrent ont l'impression d'être des imposteurs, craignant que les autres ne découvrent bientôt qu'elles ne méritent pas leur poste. Le syndrome de l'imposteur affecte les individus malgré leurs références et leurs succès avérés. Parfois, les personnes souffrant du syndrome de l'imposteur considèrent que leurs succès sont dus à la chance, ignorant leur propre talent et la valeur de leurs contributions.

Parfois, les nouveaux enseignants sont confrontés à des inquiétudes quant à leurs capacités malgré leur formation et leurs connaissances approfondies. Ils n’arrivent pas à croire leurs collègues qui leur disent qu'ils font un excellent travail. Ils peuvent se retrouver en face de leurs élèves et se demander ‘qu’est-ce que je fais ici ? Je ne suis pas assez qualifié pour que ces élèves apprennent correctement’, ou encore, ‘si cet élève a réussi, c’est surement grâce à l’enseignant qu’il a eu l’année dernière… ’. Ce type de pensée négative peut aller jusqu’à mettre en péril l’avenir professionnel d’un enseignant.

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Pour finir, les biais cognitifs sont-ils évitables ? Absolument. Avoir conscience des différents biais cognitifs que nous pouvons avoir et se rendre compte de leur impact sont les premières étapes pour arriver à corriger notre comportement et tenter de les corriger ou de s’en débarrasser. La prochaine fois que vous vous retrouverez en face de vos élèves, que ce soit dans une classe ou lors d’un cours en ligne via GoStudent, gardez en tête les 6 biais cognitifs à éviter en tant que prof, pour vous aider à vous construire en tant que professeur et pour des leçons toujours plus réussies.

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