L’IA à l’école : où en est la France en 2025 ?
L’intelligence artificielle (IA) bouleverse le paysage éducatif à une vitesse fulgurante. Outils génératifs, plateformes adaptatives, tuteurs virtuels… ces technologies promettent de personnaliser l'apprentissage, alléger les tâches des enseignants et préparer les élèves au monde numérique qui les attend.
Mais qu’en est-il réellement en France en 2025 ? Quel est le niveau de préparation des établissements scolaires ? Les enseignants sont-ils formés ? Et comment les familles perçoivent-elles l’IA dans le quotidien scolaire ?
Pour répondre à ces questions, cet article s’appuie principalement sur les résultats de l’Étude GoStudent sur l’Éducation du Futur 2025, ainsi que sur des sources officielles françaises telles que le Sénat, le Ministère de l’Éducation nationale ou encore 1jeune1solution.gouv.fr en complément. Vous y trouverez 50 statistiques révélatrices pour comprendre les enjeux concrets de l’IA à l’école, en France.
Méthodologie de l’étude
Les statistiques présentées dans cet article proviennent principalement de l’Étude GoStudent sur l’Éducation du Futur 2025, réalisée en collaboration avec Opinium. Cette enquête en ligne s’est tenue entre le 6 novembre et le 3 décembre 2024, auprès de 5 859 parents ou tuteurs légaux, de leurs enfants âgés de 10 à 16 ans, ainsi que de 300 enseignants.
Les données ont été collectées dans six pays européens : la France, l’Allemagne, l’Autriche, l’Espagne, l’Italie et le Royaume-Uni. L’échantillon a été conçu pour refléter la diversité des profils interrogés, en prenant en compte :
- les âges et les genres chez les enfants, parents et enseignants ;
- les niveaux scolaires et les niveaux de la confiance en soi des élèves ;
- la représentation d’établissements publics, privés, sélectifs et non sélectifs.
Pour enrichir cette vision, des enseignants issus de différentes matières et niveaux scolaires ont été interrogés via un second questionnaire d’environ 15 minutes, mené entre le 4 et le 18 novembre 2024.
Enfin, des sources complémentaires en ligne ont été utilisées pour élargir l’analyse, contextualiser les résultats et illustrer les grandes évolutions en cours dans le secteur de l’éducation.
L'IA et les enseignants en France : entre attente et retard
- 80 % des enseignants français n’ont reçu aucune formation à l’IA, l’un des taux les plus élevés en Europe (contre 62 % en Allemagne et 88 % en Autriche). (Source : Étude GoStudent 2025)
- 56 % des enseignants aimeraient être formés à l’IA afin de pouvoir l’intégrer efficacement et en toute sécurité dans leur enseignement. (Source : Étude GoStudent 2025)
- La formation des enseignants est identifiée comme le principal frein à l’intégration de l’IA, davantage que le manque de financement ou de soutien institutionnel. (Source : Étude GoStudent 2025)
- Moins de 20 % des enseignants français utilisent l’IA dans leur pratique professionnelle, selon le Ministère de l’Éducation nationale. (Source : Ministère de l'Éducation nationale)
- Dans le supérieur, 56 % des enseignants connaissent les outils d’IA sans jamais les utiliser, et 9 % ne les connaissent pas du tout. (Source : Sénat)
- Certaines écoles prennent cependant de l’avance : 70 % des enseignants de Neoma Business School ont déjà été formés aux IA génératives. (Source : Le Monde)
📌 Les enseignants français accusent un fort retard en matière de formation à l’IA. 80 % ne sont pas formés, et moins de 20 % l’utilisent réellement. Malgré un vrai désir de montée en compétence, les usages restent faibles, surtout dans le supérieur. Quelques établissements, comme Neoma, montrent l’exemple avec 70 % de leurs enseignants déjà formés, une pratique qui devrait idéalemente se répandre au sein des établissements éducatifs en France. |
L’usage de l’intelligence artificielle par les élèves
- 86 % des étudiants en France utilisent l’IA dans le cadre de leurs études, dont plus de la moitié au moins une fois par semaine. (Source : 1jeune1solution.gouv.fr)
- 90 % des élèves de seconde ont déjà utilisé l’IA générative pour s’aider à faire leurs devoirs. (Source : Le Café pédagogique)
- 55 % des étudiants du supérieur en France utilisent des outils d’IA générative au moins occasionnellement. (Source : Sénat)
- 26 % des élèves français utilisent l’IA pour réussir leurs examens, un taux supérieur à la moyenne européenne. (Source : Étude GoStudent 2025)
- 20 % des élèves français déclarent ne pas utiliser d’outils d’IA, contre seulement 15 % en moyenne en Europe. (Source : Étude GoStudent 2025)
L’apprentissage de l’IA passe par différents canaux pour les jeunes en France :
- 31 % disent apprendre grâce à leurs enseignants
- 29 % grâce à leurs parents
- 25 % via les réseaux sociaux
- 35 % des enseignants et 55 % des étudiants du supérieur utilisent l’IA générative, principalement comme aide à la rédaction.
(Source : Le Monde) - 88 % des étudiants utilisent ChatGPT (version gratuite). (Source : Étude Léonard de Vinci x Talan)
- 30 % utilisent ChatGPT 4 (version payante). (Source : Étude Léonard de Vinci x Talan)
- 29 % utilisent DALL·E. (Source : Étude Léonard de Vinci x Talan)
- 27 % utilisent Bard/Gemini. (Source : Étude Léonard de Vinci x Talan)
- 24 % utilisent Bing Copilot. (Source : Étude Léonard de Vinci x Talan)
- 65 % utilisent les IA génératives pour augmenter leur productivité et performance. (Source : Étude Léonard de Vinci x Talan)
- 62 % pour gagner du temps au quotidien. (Source : Étude Léonard de Vinci x Talan)
- 40 % pour augmenter leur créativité. (Source : Étude Léonard de Vinci x Talan)
- 26 % pour faire leur travail à leur place. (Source : Étude Léonard de Vinci x Talan)
📌 Les élèves et étudiants français intègrent massivement l’intelligence artificielle dans leur quotidien scolaire pour améliorer leurs devoirs, gagner du temps ou renforcer leur productivité. L’apprentissage passe par les enseignants mais aussi par des canaux informels. ChatGPT reste l’outil dominant, aux côtés d’autres IA utilisées selon les besoins. |
L’accès aux outils d’IA dans les établissements scolaires
- Seuls 24 % des élèves français ont accès à des outils d’IA à l’école, contre 44 % en Italie et 36 % en Allemagne. (Source : Étude GoStudent 2025)
- 62 % des élèves en Europe souhaitent que leurs enseignants soient mieux formés à l’IA — une attente également forte en France. (Source : Étude GoStudent 2025)
MIA Seconde, le professeur particulier IA officiel lancé par le gouvernement dans les lycées français comme tentative de se moderniser pour intégrer l'IA à l'éducation (Source : Le Monde) :
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MIA Seconde est une plateforme d’apprentissage adaptatif lancée par l’Éducation nationale en 2022, destinée aux élèves de seconde en maths et en français.
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Contrairement à des IA génératives comme ChatGPT, MIA Seconde repose sur une technologie plus ancienne d’« apprentissage adaptatif », qui ajuste les exercices selon le niveau et le rythme de l’élève.
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La plateforme adapte les contenus proposés, mais ne prend pas en compte les émotions ni les préférences d’apprentissage des élèves. Elle répète les mêmes méthodes même après plusieurs échecs, ce qui limite sa capacité à réellement personnaliser l’expérience comme le ferait un enseignant humain en salle de classe, ou lors d'un cours particulier personnalisé.
- Depuis mars 2024, MIA Seconde est testée dans des établissements volontaires pour évaluer son efficacité et son impact sur les apprentissages des élèves.
- MIA est toujours en phase d'expérimentation, avec une généralisation prévue pour la rentrée 2025 aux lycées français. Son adoption à grande échelle dépendra des résultats de l'évaluation en cours et de l'acceptation par la communauté éducative.
📌 L’accès aux outils d’IA en classe reste très limité en France : seuls 24 % des élèves y ont accès, contre 44 % en Italie et 36 % en Allemagne. Les élèves expriment un besoin clair de montée en compétence chez leurs enseignants : 62 % en Europe souhaitent qu’ils soient mieux formés. La France commence à réagir avec des initiatives comme Mia Seconde, un tuteur IA déployé dans les lycées. |
Confiance et préparation des élèves pour le futur
- 46 % des élèves français estiment que l’école ne les prépare pas aux compétences nécessaires pour leur futur métier, contre 36 % en Autriche. (Source : Étude GoStudent 2025)
- 50 % des enseignants français pensent que l’IA jouera un rôle central dans les carrières des élèves, bien en dessous des 70 % relevés au Royaume-Uni et en Espagne. (Source : Étude GoStudent 2025)
- 70 % des étudiants ont une vision positive de l’IA. (Source : Étude Léonard de Vinci x Talan)
- 52 % indiquent que ChatGPT influence leurs choix. (Source : Étude Léonard de Vinci x Talan)
- 51 % déclarent qu'ils auraient du mal à se passer de ChatGPT. (Source : Étude Léonard de Vinci x Talan)
- 83 % ne craignent pas les IA génératives. (Source : Étude Léonard de Vinci x Talan)
- 8 % évitent de parler de leur usage de l’IA en entreprise pour ne pas être jugés. (Source : Étude Léonard de Vinci x Talan)
- 90 % recommanderaient l'utilisation des IA génératives à leurs proches. (Source : Étude Léonard de Vinci x Talan)
📌 Près d’un élève français sur deux (46 %) estime que l’école ne le prépare pas aux compétences nécessaires pour son avenir professionnel.
Les enseignants eux-mêmes sont partagés : seuls 50 % pensent que l’IA jouera un rôle central dans les carrières, loin derrière le Royaume-Uni et l’Espagne (70 %). |
Ce que pensent les parents français de l’IA
- 71 % des parents français craignent que leurs enfants deviennent dépendants de l’IA pour apprendre. (Source : Étude GoStudent 2025)
- 47 % ont du mal à identifier les contenus fiables en ligne, un chiffre qui place la France en tête de l’Europe sur ce sujet. (Source : Étude GoStudent 2025)
- 52 % des parents estiment que les enseignants utilisant l’IA améliorent l’apprentissage. (Source : Étude GoStudent 2025)
- 54 % des parents français craignent une dépendance excessive à l’IA, tant à l’école qu’à la maison. (Source : Étude GoStudent 2025)
📌 Les parents français restent prudents face à l’IA : 71 % craignent une dépendance de leurs enfants, et 54 % redoutent un usage excessif à la maison comme à l’école. Près de la moitié (47 %) peinent à distinguer les contenus fiables en ligne — un record en Europe. Pourtant, 52 % reconnaissent que l’IA, bien utilisée par les enseignants, améliore l’apprentissage. |
Quelles compétences sont essentielles selon les parents français ?
À l’ère de l’IA, les parents identifient plusieurs compétences prioritaires pour leurs enfants (Source : Étude GoStudent 2025) :
- 38 % : Compréhension des risques liés à l’IA
- 34 % : Compétences de recherche sur l’IA
- 31 % : Pensée critique
- 25 % : Éthique et biais de l’IA
📌 À l’ère de l’IA, les parents français accordent une grande importance aux compétences numériques critiques. 38 % citent la compréhension des risques liés à l’IA comme priorité, suivie par la recherche d’informations (34 %) et la pensée critique (31 %). L’éthique et la sensibilisation aux biais algorithmiques arrivent juste derrière, avec 25 %. |
L’évaluation scolaire à l’ère de l’IA
D'après l'étude GoStudent sur le futur de l'éducation 2025 :
- 62 % des parents en France souhaitent voir des alternatives aux examens traditionnels, estimant que les évaluations classiques ne reflètent pas toujours les compétences réelles des élèves.
(Source : Étude GoStudent 2025) - 28 % des élèves utilisent l’IA non pas pour tricher, mais pour améliorer leur travail, selon leurs propres déclarations.
(Source : Étude GoStudent 2025)
L’IA pourrait ainsi ouvrir la voie à des évaluations plus nuancées, centrées sur le raisonnement, la création et la collaboration.
📌 Les parents remettent en question les évaluations traditionnelles : 62 % souhaitent des alternatives plus adaptées aux compétences réelles. De leur côté, 28 % des élèves affirment utiliser l’IA pour améliorer leur travail, et non pour tricher. L’IA ouvre ainsi la voie à des formes d’évaluation plus créatives et personnalisées. |
Initiatives et projets nationaux autour de l’IA éducative
- Le projet AI-DL vise à renforcer l’éducation à la citoyenneté numérique en outillant les enseignants et élèves face aux défis posés par l’IA générative. (Source : IH2EF)
- Une charte d’usage de l’IA à l’école sera publiée au printemps 2025, afin de poser un cadre clair pour les établissements. (Source : 1jeune1solution.gouv.fr)
- Un appel à projets de 20 millions d’euros, financé par France 2030, est lancé pour créer une IA souveraine, ouverte et évolutive destinée aux enseignants, opérationnelle dès la rentrée 2026. (Source : Ministère de l'Éducation nationale)
- La stratégie nationale pour l’intelligence artificielle (SNIA) prévoit la formation de 2 000 étudiants en DUT/licence, 1 500 en master ou écoles d’ingénieurs/commerces, et 200 thèses supplémentaires par an. (Source : Wikipedia)
- La France a organisé en 2023 la Semaine pour l’action sur l’IA, un événement rassemblant chercheurs, enseignants, entreprises et citoyens autour des enjeux éducatifs et sociétaux de l’IA. (Source : Enseignement Supérieur et Recherche)
- Le rapport du Sénat publié en 2024 souligne que l'intégration de l'IA dans le système éducatif français reste limitée, faute d’un cadre structurant suffisant. (Source : Banque des Territoires)
- L’IA générative permet de fournir un retour personnalisé aux élèves, favorisant une pédagogie différenciée et plus efficace. (Source : IH2EF)
- Des ressources pédagogiques basées sur l’IA permettent d’adapter dynamiquement l’apprentissage aux besoins de chaque élève. (Source : Académie de Paris)
- Le projet AI4T, mené dans plusieurs pays européens dont la France, explore l’intégration concrète de l’IA dans l’enseignement secondaire. (Source : France Éducation International)
- Le marché mondial de l’IA éducative est estimé à 4,3 milliards d’euros en 2024, et pourrait quadrupler d’ici 2032. (Source : Le Blob)
- Le rapport du Sénat mentionne également l’usage de l’IA pour automatiser des tâches administratives ou soutenir les élèves en difficulté. (Source : IH2EF)
📌 La France multiplie les initiatives pour encadrer et intégrer l’IA à l’école : charte d’usage, projets pilotes et investissements publics sont en cours. |
Former, encadrer, innover : les clés d’une IA utile à l’éducation
En 2025, l’intelligence artificielle s’impose comme un levier de transformation majeur dans l’éducation française. Les chiffres parlent d’eux-mêmes : entre inquiétudes parentales, attentes fortes chez les élèves et manque de formation chez les enseignants, le chemin est encore long pour une intégration équilibrée et durable de l’IA à l’école.
Mais les initiatives se multiplient : formation des enseignants, projets pilotes, chartes d’usage… La France semble résolue à faire de l’IA un outil au service de l’apprentissage, et non un simple gadget technologique.
L’enjeu ? Offrir à chaque élève une éducation personnalisée, inclusive et tournée vers l’avenir. L’IA seule n’est pas la solution. Mais bien utilisée, elle peut en devenir un pilier.